Euterpe a écrit:
La déportation de l'aristocratie macédonienne ne me paraît pas représenter une atteinte à l'unité macédonienne, encore moins à son "identité". Cette unité n'était plus que fantasmée ; importante symboliquement, politiquement, historiquement, mais sans substance aucune, pas seulement au moment de la mort d'Alexandre, mais en raison aussi de la médiocrité de la dynastie antigonide, comparée à celle des Lagides, par exemple.

Sur l’identité macédonienne, voici ce que dit Ginouvès : « Il est des peuples qui doivent leur identité à un pays, et des pays qui doivent leur identité à un peuple. Si les français sont nés en France, la Macédoine, en revanche, n'est rien d'autre que le pays des  Macédoniens ».
C’est l’importance symbolique et politique de cette aristocratie – qui a exercé une influence importante via le conseil des pairs mais aussi dans les organes locaux du pouvoir – qui marque le passage d’une Macédoine libre avec ses us et coutumes, à une Macédoine romanisée. Je n’ai pas voulu en faire un élément propre à définir l’unité macédonienne. C’est davantage le partage et la disparition de la royauté qui remettent en cause l’identité macédonienne. Je rejoins pleinement ce que vous dites plus bas.
Il faut aussi se pencher sur certains points que je n’aborde pas, notamment les motivations du Sénat. Il est toujours question de l’intérêt des Macédoniens. Ainsi l’interdiction d’exploitation des mines n’a d’autre but que d’épargner à la Macédoine les conflits que les publicains ne manqueront pas de créer, la division en quatre républiques n’a d’autre ambition que de couper court à toute tentative démagogique d'inciter à une licence pernicieuse. J’y vois l’utilisation du thème de la Liberté, à l’image du discours de Flamininus à Corinthe, comme une arme pour le Sénat. Rhodes subira un sort analogue.

Sur l’excellence antigonide, je pense (et cela n’engage que mon sentiment personnel) que la dynastie souffre d’un appétit de gloire exacerbé par une volonté folle de recouvrir le faste d’Alexandre. Les antigonides n’ont rien à envier aux autres diadoques, ils manquent de vision politique.

Euterpe a écrit:
Je crois que le problème posé par les Romains est d'avoir substitué une administration politiquement incompatible avec celle des cités macédoniennes, dont l'autonomie est avérée. La centralisation à la romaine, quoique très souple, ne convenait pas au fédéralisme décentralisé auquel les Macédoniens étaient habitués.

L’autonomie des cités macédoniennes est tout de même différente de celle de leurs cousines grecques. Elles s’auto-administrent toutes dans le cadre des affaires internes, mais les cités macédoniennes hébergent des garnisons royales, et payent de lourdes taxes.
Euterpe a écrit:
Le monarchisme à la macédonienne n'était pas vraiment autoritaire, d'abord parce que l'évergétisme hellénistique est une obligation, ensuite parce que le pouvoir des antigonides reposait beaucoup sur leur capacité à se montrer bienveillants avec les ligues grecques, dont la vitalité ne s'est jamais démentie.

Sur ce point, j’admets avoir manqué de nuance. Le pouvoir du roi est sans partage, dans les domaines propres à son pouvoir (religion, armée, litiges entre cités, monopole sur certaines ressources, émission des monnaies). Il est remarquable de voir combien les antigonides furent soucieux de ne pas outrepasser leurs prérogatives. Je pense à Philippe V qui n’intervient pas directement dans le changement des lois gymnasiarchiques d’Amphiopolis.

Les relations avec les ligues dépassent les bornes du sujet (cf. notre professeur), toutefois, Persée sut les utiliser dans sa propagande anti-romaine.