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descriptionCohérence de Fichte. EmptyCohérence de Fichte.

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Bonjour à tous,

je lis depuis peu les écrits populaires de Fichte et je peine à comprendre la cohérence de sa position philosophique. Pour le moment, je vois plutôt une contradiction d'un écrit à l'autre :

- dans la Destination de l'homme, Fichte pose la question de la liberté : il refuse 1) le déterminisme de Spinoza qui réduit le moi à l'être, ce qui est insoutenable, puis réfute 2) le subjectivisme (ou idéalisme subjectif) qui serait un solipsisme réduisant le monde, l'être, à la perception que le sujet en a et en constitue. Or cette position ne serait pas plus satisfaisante, m'enfermant en moi-même alors même que je ne contrôle pas la création de mon monde et que cette création est une mise en forme de ce qui est rencontré par elle hors de moi et qui me résiste. Fichte résoudra la question par l'impératif de la raison pratique : 3) c'est par la morale et la politique que peuvent se poser les questions de l'intersubjectivité et de la reconnaissance, donc se résoudre la question de la liberté, en superposant au fait le règne du droit qui traduit mes exigences en devoir être qui devient le principe directeur de mon action et me permet de me transcender (en l'absence de tout savoir sur l'être, sur la chose en soi).

- or dans l'Inititation à la vie bienheureuse, Fichte pose la question du bonheur, lequel ne s'obtient que d'après une juste vue de la vie par la connaissance vraie des principes. Or, d'une part, se pose la question du rapport du bonheur et de la liberté, d'autre part on en vient à une sorte de spinozisme ou de panthéisme, d'immanence, puisque Dieu est en ce monde, il est la vie impersonnelle (et éternelle) qui nous traverse tous, dont nous ne sommes qu'une émanation partielle, et que l'on peut retrouver en nous-même pour vivre dans la joie. Je suis la présence de l'être à lui-même, lequel être est ce que Fichte appelle Dieu en tant que l'être, qui est l'un, et non le multiple, est aussi une puissance créatrice qui se donne une existence au travers de la conscience individuelle portée sur l'être. Ici, Fichte apparaît aussi bien comme platonicien que comme spinoziste et comme préfigurant Schopenhauer (qui verra toutefois cette vision de l'univers par lui-même au travers de l'homme comme une source de souffrance puisque la Volonté est divisée en tant que parcellisée, opposée à elle-même, aux travers d'individus qui l'incarnent et restent donc irréductiblement séparés de l'Un).

(Je tiens à préciser que je viens seulement de terminer la 3ème leçon et que ma compréhension des deux thèses présentées ci-dessus peut être complètement erronée.)

Mais alors, je ne comprends pas comment cet adversaire du panthéisme (et du subjectivisme), notamment de Schelling (qui ranime Spinoza) peut tenir ensemble ces deux positions. Par ailleurs, je trouve que Fichte se rapproche de Kant en premier lieu, tandis que sa conception de la vie rappelle aussi bien le spinozisme (je ne suis qu'un mode de l'être qui lui est la substance éternelle et infiniment productive) que la durée bergsonienne.

Enfin, en quoi sa conception de l'existence se distingue-t-elle de celle de Heidegger (alors même qu'ils ont en commun un certain christianisme que la phénoménologie retrouve dans l'approche du quotidien) ? Et en quoi Alexis Philonenko peut-il au contraire voir dans la métaphysique de Fichte une sorte de cartésianisme (voire, quelle est l'autonomie du sujet par rapport à l'être) ?

Bref, j'ai du mal à saisir la relation qu'il y a entre l'être et l'individu incarné, alors même que je croyais retrouver chez Fichte à la fois quelque chose de Bergson, de Heidegger, du problème de l'Autre qui me constitue, et de ce que j'ai développé ailleurs sur le problème de l'incarnation (je suis l'être incarné mais séparé de lui-même, donc libre et pourtant déchiré car nostalgique de l'Un) dont Euterpe disait qu'il s'agissait d'une vision augustinienne de l'être. (A ce titre, je pensais retrouver chez Fichte mes propres intuitions que je développe sans cesse sur ces problèmes.)

Je n'ai pas non plus compris la critique fichtéenne de l'inaccessibilité de la chose en soi : Fichte veut-il dire que je suis déjà la chose en soi puisque j'atteste de ma propre présence au monde et de la sienne, et ce d'autant plus que mes représentations s'accompagnent déjà d'un savoir de ces représentations (ce qui fait qu'il y a une première certitude qu'on peut identifier, comme intuition, au cogito) ?

Dernière édition par Silentio le Lun 28 Jan 2013 - 0:46, édité 1 fois

descriptionCohérence de Fichte. EmptyRe: Cohérence de Fichte.

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D'abord, merci, Silentio, d'ouvrir un sujet aussi intéressant. Fichte est encore mal connu et reste à découvrir pour une grande part. Il m'est malheureusement impossible de participer à ce fil de discussion (j'ai trop de travail, mais je participerai dès que je le pourrai). Toutefois, je vous recommande une référence pour Fichte et Schelling, le site Europhilosophie Editions. Quelques documents (attention aux droits d'auteurs, merci de lire attentivement les avertissements quand il y en a, pour les citations, afin de ne pas exposer le forum à des poursuites) :

  • Un article de la Revue des deux mondes : http://fr.wikisource.org/wiki/Philosophie_de_Fichte
  • http://www.luc-vincenti.fr/revue/fichte_dest_homme.html
  • http://www.dogma.lu/txt/fichte1.htm
  • http://lodel.irevues.inist.fr/cahierspsychologiepolitique/index.php?id=1144
  • Laboratoire Métaphysique allemande et Philosophie pratique (MAPP) – Université de Poitiers (univ-poitiers.fr)



Dernière édition par Euterpe le Jeu 28 Juil 2022 - 15:55, édité 3 fois

descriptionCohérence de Fichte. EmptyRe: Cohérence de Fichte.

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Merci pour tous ces documents, notamment celui qui porte sur la distinction entre Fichte et Schelling, entre deux conceptions de l'être (comme angoisse ou comme bonheur). Je relirai aussi à l'occasion l'excellent travail de Philonenko, L'œuvre de Fichte, où l'on saisit le génie du philosophe allemand par-delà les préjugés.

descriptionCohérence de Fichte. EmptyRe: Cohérence de Fichte.

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Ce qui est plus troublant encore, c'est que Deleuze (ce spinoziste bergsonien ennemi de Platon, de Descartes et de Hegel), dans le dernier texte qu'il publia, semble suivre Fichte (qu'il cite). Faudrait-il comprendre Fichte comme préfigurant Deleuze (on pourrait alors comprendre le sujet comme pure activité, émanation de la Vie immanente au monde) ? Mais Deleuze lui-même, n'est-il pas un néo-platonicien ?
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